Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie des extraits d’une grande interview du président du parlement européen Martin Schulz à paraître ce week-end, dans laquelle il juge que « l’Europe centrale et orientale a laissé tomber l’Allemagne ». La Süddeutsche Zeitung s’inquiète d’une décision de la CJUE qui pourrait créer « de nouveaux obstacles au WiFi gratuit ». Die Welt titre sur une étude de l’OCDE selon laquelle « les professeurs devraient enseigner moins longtemps, mais mieux  ». Der Tagesspiegel relève que le maire-gouverneur sortant de Berlin Michael « Müller met en garde contre la ‘remontée des nazis’ », un symbole que l’Allemagne adresserait de fait au monde si l’AfD faisait un score élevé lors des élections dans la ville-Etat de Berlin ce week-end, estime M. Müller. Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une au bras de fer entre la direction de Volkswagen et les instances de protection des consommateurs en Allemagne sur les logiciels truqués « [Matthias] Müller contre [Klaus] Müller ».
  2. Allemagne

Elections régionales de la ville-Etat de Berlin

Au terme d’une campagne électorale, qui, de l’avis des médias locaux, s’est avérée aussi insipide que les précédentes, les Berlinois sont appelés dimanche aux urnes pour désigner un nouveau parlement régional (chambre des députés), un scrutin à l’occasion duquel seront également renouvelées les assemblées municipales, rappellent les journaux. Alors que les derniers sondages font apparaître, comme dans les autres régions allemandes, une montée du parti de droite populiste AfD – la chaîne publique ZDF donnent le SPD à 23%, la CDU à 18%, les Verts à 15%, Die Linke à 14,5%, l’AfD à 14% et le FDP à 6,5% – le maire-gouverneur sortant Michael Müller (SPD) attaque vivement ce parti dans une tribune publiée dans le quotidien alternatif de gauche tageszeitung (taz) et sur son compte Facebook. Agitant le spectre de la montée du néonazisme dans la capitale allemande, Michael Müller s’attire les critiques du Tagesspiegel, pour qui le candidat tête de liste du SPD a peur d’un score faible de son parti et ferait mieux de mobiliser ses propres troupes plutôt que de diaboliser les électeurs de l’extrême-droite.

  1. Europe

Sommet de Bratislava : « l’UE veut retrouver le contrôle » (Tagesspiegel)

Le déplacement à Paris de la chancelière fédérale à l’invitation du président de la République à la veille de la rencontre informelle des 27 à Bratislava donne matière à plusieurs comptes rendus dans le cadre des avant-papiers sur ce sommet. « La France et l’Allemagne ont démonstrativement accordé leur position avec la rencontre informelle », indique la Süddeutsche Zeitung, qui, à l’instar des autres quotidiens, rapporte que Paris et Berlin ont appelé à élaboré une feuille de route concrète pour renforcer l’UE. A noter que la correspondante de la FAZ à Paris voit dans ce déplacement d’Angela Merkel à Paris « l’occasion bienvenue » pour un « président délaissé par la chance » de « se profiler comme sauveur de l’Union européenne », analyse que ne partagent pas ses confrères. Comme hier, les quelques éditoriaux consacrés à la « crise existentielle » de l’UE trahissent le désemparement des observateurs, pourtant rompus aux crises européennes, devant les défis d’une Europe qu’ils estiment plus que jamais au seuil de l’éclatement.

« Les Britanniques vont construire la première centrale nucléaire depuis Fukushima » (Berliner Zeitung)

Le « tournant énergétique à la britannique » (Handelsblatt) fait l’objet de nombreux articles s’étonnant de la « renaissance de l’énergie atomique en Grande-Bretagne » (Süddeutsche Zeitung) suite au feu vert de la Première ministre britannique Theresa May au contrat de construction de deux EPR à Hinckley Point. « La France et la Chine peuvent jubiler », relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung en notant que « EdF et Areva doivent toutefois prouver qu’ils peuvent travailler de manière rentable », rappelant les retards des chantiers d’EPR actuels et les lourdes pertes financières pesant sur EdF. Même si Hinckley Point représente pour toutes les parties un enjeu très élevé, « cela relance en tout cas en Europe la concurrence entre les technologies et pourrait permettre de démontrer qu’un mix énergétique n’est pas la plus mauvaise solution », considère la FAZ. Pour la Süddeutsche Zeitung au contraire, « la politique énergétique britannique consistant à réduire les subventions pour l’électricité verte au profit de généreuses garanties à des groupes publics français et chinois est absurde ».

  1. International

Déplacement conjoint de MM. Ayrault et Steinmeier dans le Donbass

Les principaux correspondants diplomatiques de la presse allemande, qui accompagnaient le ministre fédéral des affaires étrangères lors du déplacement conjoint avec son homologue français en Ukraine, font paraître aujourd’hui de longs reportages, illustrés de la même photo des deux ministres sur le terrain devant un pont détruit par les séparatistes. Ils notent que MM. Ayrault et Steinmeier ont profité du cessez-le-feu « qu’ils ont eux-même contribué à négocier » pour se rendre pour la première fois ensemble dans le Donbass depuis le début du conflit en 2014. Tous soulignent que ce cessez-le-feu « fragile » peut ouvrir une brèche pour une relance du processus de paix et des négociations en format Normandie au plus haut niveau. « La dernière rencontre des trois présidents et de la chancelière date d’octobre 2015 à Paris, on peut maintenant espérer qu’une nouvelle rencontre ait lieu en octobre à Berlin », écrit le Tagesspiegel.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte, de source proche du président Porochenko, du mécontentement de celui-ci face à la politique ukrainienne du ministre allemand des affaires étrangères, jugé comme trop ouvert aux arguments de Moscou : « Kiev critique Steinmeier et loue Merkel », titre le journal. Un conseiller du président ukrainien se serait contenté de commenter d’un « mieux vaut tard que jamais » le déplacement conjoint des deux ministres avant d’exprimer à plusieurs reprises la « profonde gratitude » de l’Ukraine envers Angela Merkel et François Hollande, soulignant le « rôle-clé » de la chancelière fédérale. Toujours dans la FAZ, ce conseiller présidentiel ukrainien non nommé démonte point par point les déclarations faites par Frank-Walter Steinmeier pour souligner que Kiev n’a fait aucune concession vis-à-vis de la Russie ni ne place le moindre espoir dans la soi-disant bonne volonté de la partie russe.

Le seul commentaire de presse est signé du quotidien alternatif tageszeitung, qui se félicite du « coup » pour débloquer l’impasse dans laquelle se trouvait le processus de Minsk, tout en soulignant le côté spectaculaire de la visite de MM. Ayrault et Steinmeier à Kramatorsk, devant des manifestants en colère rejetant l’un des élements clés des accords de Minsk, le statut particulier du Donbass./.