Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

 19 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le résultat des élections dans la ville-Etat de Berlin fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « le SPD vainqueur à Berlin malgré de fortes pertes » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la coalition rouge-noire [SPD-CDU] sortie » (Der Tagesspiegel) ; « la CDU touche le fond, le SPD a besoin de nouveaux partenaires » (Die Welt) ; « Berlin au-devant d’une coalition rouge-vert-rouge [SPD-Verts-Die Linke] » (Süddeutsche Zeitung), coalition que la tageszeitung décrit comme « une alternative pour l’Allemagne ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à l’amende record qui menace la Deutsche Bank aux Etats-Unis et titre : « les soucis d’argent de John Cryan », patron de la Deutsche Bank.
  2. Allemagne

Elections régionales à Berlin

Les médias en ligne publient les derniers résultats du scrutin, qui diffèrent légèrement des chiffres annoncés dans le courant de la soirée électorale : le SPD du maire-gouverneur sortant n’obtient que 21,6% des voix, restant malgré tout le premier parti (2011 : 28,3%) ; la CDU, bien que seconde force politique, enregistre un nouveau record d’impopularité à 17,6% (2011 : 23,3%) ; die Linke se hisse à la troisième place avec le score meilleur que prévu de 15,6% (2011 : 11,7%), coiffant sur le poteau les Verts qui, avec 15,5%, sont en léger recul (2011 : 17,6%). L’AfD (dont c’est la première participation puisque ce parti a été créé au printemps 2013) entre dans le dixième parlement régional (sur seize) en réunissant d’emblée 14,2% des voix, tandis que le FDP y effectue son retour avec 6,7% (2011 : 1,8%) et que les Pirates quittent le parlement, ne réunissant plus que 1,7% des électeurs derrière eux (2011 : 8,9%). La participation est en nette hausse avec 66,9% de votants contre 60,2% en 2011, et l’analyse des résultats montre que, 27 ans après la réunification, le fossé politique entre les deux parties de la ville persiste hors des arrondissements de centre-ville où s’installe une population cosmopolite nouvellement arrivée, remarquent encore les journaux.

Pour la plupart des quotidiens, il est clair que les électeurs ont désavoué la grande coalition SPD-CDU et que, mathématiquement comme politiquement, c’est une coalition de gauche « rouge-rouge-vert » (SPD, Linke, Verts) qui paraît la plus probable, même si le candidat tête de liste du SDP, le maire-gouverneur Michael Müller, a déclaré vouloir sonder tous les partis sauf l’AfD. Tout en soulignant que le vote dans la ville-Etat de Berlin est, contrairement à celui récent en Mecklembourg-Poméranie occidentale, beaucoup moins influencé par des considérations nationales que par les particularismes et erreurs politiques locales, certains commentateurs observent avec intérêt, à l’instar du tabloïd Bild, que l’électorat « revient à une logique de camp politique et veut tout sauf une grande coalition ». « Le SPD va devenir plus rouge, la CDU plus noire, c’est peut-être le début de davantage de différenciation entre les partis établis, et cela ne fera pas de mal à la démocratie », considère aussi la Süddeutsche Zeitung.

La mauvaise gestion de la ville-Etat est, pour la plupart des commentateurs, l’un des facteurs clés du mauvais résultat des deux partis au pouvoir : « l’ensemble des électeurs, toutes tendances confondues, a surtout envoyé un appel criant à davantage de professionnalisme dans les domaines régaliens », résume le Tagesspiegel. « Berlin étouffe sous le poids d’une évolution démographique et économique qui a fait exploser en vol l’administration, plus rien ne marche, tout dure trop longtemps, la ville est dépassée ; or Berlin n’est plus pauvre, il est donc temps d’avoir le courage d’une autre politique que du temps où il suffisait à la ville d’être sexy », explique la Berliner Zeitung. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les électeurs déçus de la CDU « n’ont pas seulement protesté contre la politique migratoire de Merkel, mais aussi contre le médiocre bilan des sénateurs berlinois CDU à l’intérieur et aux affaires sociales », Frank Henkel et Mario Czaja.

Les conséquences de ce scrutin pour la CDU et le SPD au niveau fédéral font également l’objet de premières analyses, alors que le score de l’AfD intéresse beaucoup moins les médias, à ce stade, que lors des dernières élections régionales. « Angela Merkel a été battue dans la capitale », souligne Die Welt tandis que le Tagesspiegel prédit à la chancelière des jours difficiles lors du prochain congrès de la CDU. Toute la presse note qu’Angela Merkel a pris ses distances avec sa célèbre phrase « nous allons y arriver » en déclarant dans l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche « penser souvent que l’on a mis une trop forte charge symbolique dans cette phrase, à tel point que je n’aime plus la répéter car elle est devenue une formule vide de sens ». La chancelière ajoute « pouvoir comprendre le scepticisme de la population face à cette phrase et même que certains la ressentent comme une provocation ». Or, souligne-t-elle, il ne s’agissait que d’encourager, d’exprimer une sortie de reconnaissance des efforts de la population pour accueillir les réfugiés. « Sur le fond toutefois, Merkel ne change pas de position », écrit le Tagesspiegel.

  1. Europe

Sommet de Bratislava : « thérapie de groupe pour l’UE » (Berliner Zeitung)

Pour les quotidiens, la politique migratoire est restée la pierre d’achoppement d’une rencontre informelle à 27 où « la famille européenne s’est prêtée à une thérapie de groupe » (Die Welt), une image volontiers évoquée par l’ensemble de la presse (Tagesspiegel : « si l’Europe était une grande famille, elle aurait besoin d’urgence d’une thérapie familiale : l’oncle de Grande-Bretagne veut changer de nom, les frères et sœurs de l’Est arrivés tardivement dans la famille se rebellent contre les parents, lesquels n’ont pas d’adresse fixe et sont toujours quelque part entre Berlin, Bruxelles et Paris. A Bratislava, l’Europe s’est en quelque sorte allongée sur le divan »). « La démarche thérapeutique de Bratislava est que l’UE convainque ses citoyens de sa valeur par des actions concrètes », écrit aussi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les journaux relèvent dans ce contexte la volonté commune des 27 de renforcer la protection des frontières extérieures de l’UE, « plus petit dénominateur commun », soupire la FAZ, et l’Europe de la défense. A l’instar de la Berliner Zeitung, la presse note que la proposition du groupe de Višegrad d’une « solidarité flexible » pour sortir de l’impasse du conflit sur la répartition de migrants a été accueillie de manière conciliante par la chancelière fédérale. Angela Merkel « placée au second rang sur la photo de famille, a tenu à jouer une partition discrète à Bratislava », remarquent le Handelsblatt et Bild. Le fait qu’au lendemain du sommet, le Premier ministre italien ait vivement critiqué les résultats de cette rencontre informelle et déploré l’absence de « l’esprit de Bratislava » invoqué par Angela Merkel est souligné négativement par l’ensemble de la presse.

Interview de M. Vestager : « nous avons d’autres sociétés sur notre liste » :

Dans une interview au Handelsblatt, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager défend sa position sur le dossier Apple et réaffirme sa totale détermination à lutter contre l’optimisation fiscale et les aides d’Etat illégales, confirmant avoir d’autres grands groupes américains en ligne de mire, dont McDonald’s et Amazon.

  1. Allemagne / Europe / International

CETA/TTIP : « la CDU/CSU et Die Linke prennent M. Gabriel en tenailles » (F.A.S.)

La presse constate que le président du SPD et ministre de l’économie Sigmar Gabriel n’aura pas ménagé ses efforts ces derniers jours pour tenter d’obtenir, aujourd’hui, le soutien d’une convention de son parti à la ratification du CETA, alors que de grandes manifestations contre le CETA et le TTIP se sont déroulées samedi, mobilisant toutefois un peu moins que prévu (320 000 participants selon les organisateurs). S. Gabriel est ainsi ressorti jeudi d’une rencontre avec Justin Trudeau avec l’assurance que des « explications complémentaires avec effet juridique contraignant » pourront être apportées, relève l’édition dominicale de la Bild, qui publie une interview de S. Gabriel dans laquelle il affirme qu’en cas d’échec du CETA, l’Europe perdra toute crédibilité dans les négociations commerciales et n’aura plus l’occasion de façonner la mondialisation de cette façon avant des décennies. La commissaire européenne Cecilia Malmström avait pour sa part défendu le CETA et le TTIP dans ce même tabloïd samedi, mettant en avant des retombées économiques positives pour l’Allemagne, critiquant les « mensonges » et jugeant qu’il s’agissait des « négociations commerciales les plus transparentes de tous les temps ».

« L’Amérique en colère prend le risque d’une nouvelle crise bancaire » (Die Welt)

L’ensemble de la presse s’inquiète des conséquences pour la Deutsche Bank, ainsi que pour le secteur bancaire allemand, de l’annonce de l’amende record de 14 milliards de dollars aux Etats-Unis liée aux « subprimes ». A l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les journaux s’interrogent avant tout sur la capacité de la banque à payer une telle somme, même minorée après négociation, puisqu’elle dépasserait largement les provisions de la banque. Si Die Welt veut voir dans le montant exigé des autorités américaines une mesure de représailles après la décision de la Commission européenne sur les impôts dus par Apple, la Süddeutsche Zeitung refuse toute victimisation de la banque et la met devant ses responsabilités : la Deutsche Bank, comme Volkswagen dans l’affaire du logiciel truqueur, écrit le journal de Munich, est dans cette situation, simplement parce qu’elle est coupable de ne pas avoir respecté les lois./.