Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

21 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le raid contre un convoi humanitaire en Syrie fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « indignation après l’attaque aérienne contre un convoi humanitaire en Syrie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la Syrie sombre à nouveau dans le chaos » (Der Tagesspiegel) ; « la Syrie sans aucune aide » (tageszeitung). La Süddeutsche Zeitung révèle des « attaques de hackers contre les partis politiques » au Bundestag. Die Welt consacre sa Une à un débat sur la Realpolitik en politique étrangère : « Realpolitik: la solution ou le problème ?  ». Le quotidien des affaires Handelsblatt titre sur le différend entre le gouvernement fédéral et la Deutsche Bahn sur la privatisation de filiales du groupe ferroviaire (« l’Etat fédéral arrête la Deutsche Bahn »).
  2. Allemagne

« La CSU tend la main à Merkel » (Handelsblatt)

Après que la chancelière fédérale a admis publiquement avoir fait des erreurs dans sa politique migratoire, les ténors de la CSU s’efforcent d’adopter un ton plus conciliant vis-à-vis de la CDU, même si le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, persiste à exiger d’Angela Merkel qu’elle change non pas de langage, mais de politique, constate la presse. Le débat reste centré sur la question de la fixation d’un plafond annuel du nombre de réfugiés pouvant être accueillis en Allemagne – question qui ne doit pas masquer, pour la plupart des commentateurs, que dans les faits, le gouvernement a déjà durci sa politique migratoire.

Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), a lui aussi reconnu que le gouvernement et l’administration avaient « commis des erreurs » et « été par moment dépassés » par les événements face à l’afflux des demandeurs d’asile en 2015, rapporte la FAZ. Il a également reconnu des erreurs dans la politique d’intégration, soulignant que le gouvernement avait sous-estimé l’importance de la religion, indique le tabloïd Bild. Les journaux rapportent que Thomas de Maizière a appelé les migrants à s’intégrer davantage en Allemagne ; Bild se félicite notamment de la clarté de son discours face aux difficultés rencontrées dans les centres d’accueil des réfugiés par les femmes bénévoles : « si un homme refuse qu’une femme lui serve un repas, eh bien il ne recevra pas de repas ».

  1. Europe

Turquie : Jean Asselborn optimiste sur la libéralisation des visas par l’UE

Dans un entretien avec le correspondant de Die Welt à Bruxelles – dont le journal fait un compte rendu rédigé – le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères juge que l’Union européenne n’a pas réagi de manière appropriée après la tentative de putsch de mi-juillet à Ankara : « nous avons sous-estimé la profondeur de la blessure causée à l’opinion publique turque après le putsch militaire », déclare Jean Asselborn, « les gens qui ont manifesté dans la rue ont aussi manifesté pour la démocratie, nous ne l’avons pas pleinement réalisé ». Sur le dossier de la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs, le chef de la diplomatie luxembourgeoise se veut optimiste, estimant qu’une solution peut être trouvée : « à l’exception de la législation antiterroriste, tous les autres points conditionnant cette exemption de visas peuvent être actuellement résolus ». Soulignant que l’UE tient au respect des principes de l’Etat de droit non seulement en Turquie, mais dans tous les pays demandant une libéralisation des visas, Jean Asselborn considère que « fin 2016 ou début 2017, une solution sur la législation antiterroriste pourrait être trouvée pour autant que la situation en Turquie se soit un peu apaisée et que la Turquie ait la volonté de suivre les règles du Conseil européen ». Il conclut cet entretien par un plaidoyer en faveur d’une adhésion de la Turquie à l’UE : « avec une Turquie européenne, l’Europe gagnerait en influence dans le monde, et nous montrerions par ailleurs qu’un pays musulman peut aussi être membre de l’UE ».

Le traité de libre-échange UE-Canada (Ceta) « sur le fil du rasoir » (FAZ)

Après que les sociaux-démocrates allemands ont donné leur feu vert à la signature du Ceta par le ministre de l’Economie et chef du SPD Sigmar Gabriel, ce sont à présent leurs homologues autrichiens qui barrent la route au traité de libre-échange négocié entre Bruxelles et Ottawa, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les ministres européens chargé du Commerce se réunissent jeudi et vendredi à Bratislava en présence de la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, et de la ministre canadienne du Commerce, Chrystia Freeland, pour mettre au point les dernières déclarations et décider formellement de l’adoption du traité, rappelle la Süddeutsche Zeitung. Dans une interview au Tagesspiegel, Chrystia Freeland se félicite de la décision des délégués sociaux-démocrates allemands d’entériner à une large majorité le soutien au Ceta, décision précédée « d’un débat très intéressant entre des participants très bien informés », et déclare que même sans toucher au traité déjà négocié, Bruxelles et Ottawa élaborent une déclaration complémentaire précisant des points d’interprétation et ayant également valeur juridique, afin de tenir compte des critiques : « ce ne sont pas des concessions mais des améliorations ».

  1. International

« La Syrie plonge à nouveau dans le chaos » (Tagesspiegel)

La presse se désole de la reprise des combats en Syrie et pointe à nouveau les intérêts divergents de la Russie et des Etats-Unis. Les journaux rendent compte de « l’explosion de colère » du secrétaire générale des Nations unies, Ban Ki Moon, après un raid aérien meurtrier contre un convoi humanitaire. Les éditorialistes sont très pessimistes, à l’instar de la FAZ qui décrit un « cauchemar syrien qui paraît sans issue, même si les diplomates bannissent d’ordinaire ce mot ». Les massacres civils en Syrie ne touchent directement ni les Etats-Unis ni la Russie, qui n’en subissent aucune conséquence directe, les millions de réfugiés affluant en Europe puisqu’ils ne veulent pas aller en Russie et ne peuvent entrer aux Etats-Unis, critique le Tagesspiegel pour qui « en matière d’hypocrisie, les deux pays sont vraiment des super-puissances ». La Süddeutsche Zeitung pour sa part publie des extraits du message adressé par le ministre allemand des Affaires étrangères au congrès annuel des historiens allemands, dans lequel Frank-Walter Steinmeier réaffirme sa conviction que la bonne grille de lecture pour le conflit syrien est la guerre de Trente ans, appelant à appliquer au conflit syrien le processus ayant permis de sceller la paix de Westphalie.

  1. France

Présentation du projet de loi de finances 2017 : « French connection » (SZ)

Les correspondants à Bruxelles et Paris de la Süddeutsche Zeitung signent un compte rendu critique de la présentation par le gouvernement du projet de budget 2017, décrivant des « tours de passe-passe » comptables du « magicien Michel Sapin » pour tenir l’engagement de la France de ramener le déficit public sous la barre des 3% en 2017 tout en prévoyant des baisses d’impôts et des dépenses en hausse. Pour la Süddeutsche Zeitung, le respect du pacte de stabilité en 2017 est pour Paris « une question de crédibilité non seulement vis-à-vis de la commission européenne, mais aussi du partenaire allemand. ». « Pour Michel Sapin, il est très important d’être considéré comme un ministre des Finances sérieux par son homologue allemand Wolfgang Schäuble », écrit le quotidien en estimant qu’à la veille du conseil économique et financier franco-allemand (CEFFA) vendredi à Berlin, « le projet de budget est aussi un signal envoyé au partenaire allemand que Paris prend au sérieux le pacte de stabilité ». Un sérieux mis en doute par la Süddeutsche Zeitung, qui estime que le ministre français des Finances et son prédécesseur Pierre Moscovici, devenu commissaire chargé des questions monétaires, « jouent une partition commune dans laquelle ils se sont répartis les rôles » pour faire accroire l’idée d’une commission intransigeante avec la France./.