Synthèse de la presse américaine du 9 Mai 2017

Mardi 9 mai 2017

Ambassade de France à Washington

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Benoît Cormier

  1. France/Europe

Victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française

            La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française continue de susciter un très vif écho médiatique (WP, NYT, WSJ, The New Yorker, The Atlantic, USA Today, The Christian Science Monitor, The Hill).

Les principaux titres, mais aussi les médias locaux, continuent de saluer le vote des Français. « Vive la France », titre ainsi le Houston Chronicle dans un éditorial. Les Français ont « résisté à la vague populiste » malgré un taux de chômage élevé et des attaques terroristes, lesquelles ont de plus nourri un sentiment anti-immigration, indique le Washington Post. Selon le quotidien, deux facteurs clefs permettent d’expliquer un choix qui contraste avec celui des Britanniques et des Américains : (i) les Français, dans leur conscience collective, demeurent « marqués par les heures sombres de Vichy ». Leur refus de confier le pouvoir à l’extrême droite exprime donc un rejet viscéral du Front national ; (ii) malgré une hausse des inégalités entre les plus aisés et les moins privilégiés, celles-ci demeurent moins fortes en France qu’au Royaume-Uni ou qu’aux Etats-Unis. De plus, les pouvoirs publics ont toujours préservé le principe de solidarité nationale. Dans ce contexte, « la plateforme populiste apparait moins séduisante » que dans des pays ayant promu des réformes néolibérales, indique le quotidien.

Dans le cadre d’analyses généralement empreintes d’inquiétude, les journaux examinent aussi les défis que le président nouvellement élu devra relever. En matière de politique intérieure, le Washington Post craint, en « une », qu’Emmanuel Macron ne soit pris en étau entre la droite et la gauche, au risque de ne pouvoir gouverner de manière efficace. « En cas d’échec, les extrêmes pourraient bientôt se renforcer », affirme le quotidien qui agite déjà le spectre de la montée du populisme. De même, le New York Times appelle Emmanuel Macron à tenir ses promesses et à « apaiser » les électeurs qui n’ont pas voté pour lui : « toute euphorie pourrait n’être que de courte durée ». CNN rappelle, à ce sujet, « le nombre records d’électeurs ayant choisi de ne voter pour personne » – par les votes blancs, nuls, ou l’abstention. Pour autant, si la France a un président, elle n’a pas encore d’opposition, indique Bloomberg.

La presse commence par ailleurs à s’intéresser à l’action d’Emanuel Macron sur les scènes européenne et internationale. Le New York Times souligne le rôle moteur que pourrait jouer la France en Europe, notamment grâce au positionnement centriste du nouveau président. A ce sujet, le Wall Street Journal estime que celui-ci devrait pouvoir compter sur les représentants de la nouvelle génération politique européenne, dont son homologue estonienne alors que Tallinn assurera la présidence tournante de l’Union européenne à partir du mois prochain. S’agissant des relations transatlantiques, le New York Times – qui évoque l’appel, le 8 mai, entre Donald Trump et Emmanuel Macron – considère que « les défis à relever seront vraisemblablement plus importants que les valeurs qu’ils partagent », d’autant que le nouveau président français apparait désormais comme « un contrepoids » au président américain, précise le journal. S’il n’a pas encore été « testé » sur la scène internationale, Emmanuel Macron est loin d’être bête », estime Fox News même si « les défis qui l’attendent sont immenses », estime la National Review.

La presse souligne que l’Accord de Paris a fait partie des sujets clefs évoqués lors de l’appel entre Donald Trump et Emmanuel Macron, à la suite duquel plusieurs médias (CNN, Washington Examiner, Fortune) indiquent que la Maison-Blanche a reporté sine die une réunion qui devait avoir lieu ce jour pour prendre une décision sur la position des Etats-Unis vis-à-vis de l’Accord. Par ailleurs, George Schultz – secrétaire d’Etat sous Ronald Reagan et secrétaire au Trésor sous Richard Nixon – et Ted Halstead – président du Climate Leadership Councilcosignent une tribune publiée par le New York Times dans laquelle ils exhortent le président américain à ne pas sortir de l’Accord, considérant que celui-ci est de nature à « créer des emplois et à améliorer la compétitivité des entreprises ». De même, une série d’entreprises américaines très importantes (Adobe, Facebook, Google, Microsoft, Schneider Electric…) ont acheté des pages publicitaires dans les principaux titres (NYT, WSJ) pour y publier un appel en faveur de l’Accord de Paris, exhortant Donald Trump à ne pas en sortir et soulignant les répercussions économiques positives de l’Accord.

Cybersécurité / interférences russes

L’équipe éditoriale du Washington Post fustige le piratage russe dont le mouvement ‘En Marche !’ a été la cible et appelle les gouvernements des pays occidentaux à prendre les dispositions nécessaires pour apporter « une réponse ferme et efficace » qui permettra de dissuader le Kremlin de s’ingérer dans les affaires intérieures de pays étrangers. Pour l’heure, le New York Times rapporte que certains Russes commencent à s’interroger sur le sens de la stratégie de Vladimir Poutine, lequel vient de « subir un nouveau revers » avec l’élection d’Emmanuel Macron – une analyse que partage Bloomberg.

Médias

David Leonhardt, chroniqueur du New York Times, estime que les Français ont donné « une leçon de journalisme » aux Américains « en distinguant le sensationnel de l’important » et souligne, à cette occasion, que la législation française sur la liberté de la presse a sans doute contribué à éviter une propagation incontrôlable de fausses informations. A titre d’exemple, l’observateur note que médias n’ont que très peu relayé le contenu des emails d’Emmanuel Macron qui avaient été piratés puis diffusés alors que la presse américaine n’a cessé de le faire s’agissant d’Hillary Clinton.

  1. International

Afghanistan

En « une », le Washington Post souligne le caractère radical du changement potentiel de stratégie des Etats-Unis en Afghanistan. L’administration Trump envisage en effet de renforcer de manière significative la présence américaine dans le pays, avec une augmentation de plus d’un tiers des forces qui y sont actuellement déployées. Ce plan viserait à contrer la résurgence des Talibans et à « les contraindre à revenir à la table des négociations », rapporte le journal. Ceux-ci ont adopté une nouvelle stratégie qui consiste non plus à mener des guérillas dans les zones riches en opium mais à profiter de l’absence de pouvoir politique dans des villages pour étendre progressivement leur influence, analyse le Wall Street Journal dans un reportage publié en « une ».

Moyen-Orient

Selon le Wall Street JournalDonald Trump jouit d’un contexte qui lui est favorable au Moyen-Orient – où l’on assiste à « un alignement historique inhabituel » des intérêts de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et d’Israël – qu’il doit exploiter à l’occasion de son premier déplacement présidentiel pour, par exemple, construire une nouvelle alliance en matière de sécurité dans la région afin de contrer Téhéran.

Syrie

A ce stade, la Syrie refuse le déploiement d’observateurs des Nations unies dans le cadre de la mise en place des zones de désescalade négociées par la Russie, la Turquie et l’Iran, rapportent le New York Times et le Washington Post.

III. Politique intérieure          

Liens présumés entre l’équipe de campagne de Donald Trump et le Kremlin

L’audition de l’ancienne ministre de la Justice américaine par intérim Sally Yates fait la « une » des médias (NYT, WSJ). Celle-ci a révélé avoir averti la Maison-Blanche que Michael Flynn, l’ancien conseiller à la sécurité nationale – qui a été contraint de démissionner – avait eu des contacts avec la Russie avant l’investiture de Donald Trump et serait susceptible de faire l’objet d’un chantage des Russes. Celle-ci pensait que « des mesures seraient prises plus rapidement contre Michael Flynn », précise le Washington Post. Par ailleurs, des conseillers de Barack Obama ont indiqué aux médias que l’ancien président américain avait également mis en garde son successeur à ce sujet, rapporte la presse (WP, WSJ).