Aujourd’hui en Allemagne. 14 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

14 juillet 2017

  1. Le conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu hier à Paris fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Berlin et Paris annoncent un ‘nouvel élan’ dans leur coopération ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Paris et Berlin construisent un nouvel avion de combat »). Les révélations sur les apparentes manipulations par le groupe Daimler des informations sur les émissions polluantes de certains de ses véhicules diesel sont à la Une du Tagesspiegel (« Daimler impliqué aussi dans le scandale du diesel ») et du Handelsblatt (« Daimler se défend »). Die Welt fait état d’une étude de l’OSCE montrant que « les services administratifs allemands sont meilleurs que leur réputation ». La visite du président américain Donald Trump à Paris à l’occasion des festivités du 14 juillet est à la Une des médias audiovisuels et en ligne aujourd’hui.
  2. France/Allemagne

Conseil des ministres franco-allemand

Les médias allemands consacrent une importante couverture au conseil des ministres franco-allemand (CMFA), et mettent en avant l’annonce d’un futur avion de combat commun, la « grande surprise » (Handelsblatt) de ce sommet, le « résultat le plus enthousiasmant » (Der Tagesspiegel) d’un conseil dominé, souligne la presse à l’unisson, par les questions de défense et de sécurité. Le Handelsblatt et la Frankfurter Allgemeine Zeitung se félicitent par ailleurs du futur partenariat Bpi-KfW pour faciliter l’accès au capital-risque des start-ups via un fonds devant mobiliser 1 milliard d’euros. L’investissement dans le climat est unanimement salué. La tageszeitung rend compte en détail de l’échange du président de la République et de la Chancelière avec les jeunes à l’espace Nathalie-Sarraute et salue l’annonce de l’ouverture de 1200 classes bi-langues à la rentrée. Le journal de Berlin s’intéresse par ailleurs à l’Afrique, estimant qu’en la matière, « Paris attend que Berlin aide et paie ».

Les journaux relèvent par ailleurs la « proximité toujours plus forte » (Bild) du président de la République et de la Chancelière. « Il y a une alchimie entre les deux dirigeants » juge la Neue Osnabrücker Zeitung, tandis que Der neue Tag salue deux personnalités qui « avancent dans la même direction ». Ce CMFA est donc « un bon début » pour « un couple qui reste la dernière chance de l’Europe » aux yeux de la Landeszeitung de Lüneburg, qui salue la formule du président de « l’Europe qui protège », un message que les Européens attendent face aux crises, aux migrations et au retour du protectionnisme, insiste le journal.

Les éditorialistes restent toutefois sur leur faim sur les sujets économiques et financiers. Le quotidien conservateur Die Welt trouve qu’on a beaucoup parlé « d’intensifier les contacts et d’approfondir les coopérations » dans ce domaine. « Ce conseil aura-t-il été le grand boum, boum, tararaboum d’une relance glorieuses de l’Union européenne ? La réponse est non » juge le Tagesspiegel qui parle de « préchauffage » dans l’attente des élections au Bundestag. Le Handelsblatt abonde : nul doute qu’il « en faudra davantage si Macron et Merkel veulent laisser une trace dans l’histoire » constatant qu’il n’y a pas d’avancées sur l’UEM dans cette période électorale en Allemagne. Le journal craint les malentendus persistants que recouvrirait un deal « plus de réformes contre plus d’argent ». Il juge en outre que la principale annonce dans le domaine financier, l’harmonisation de l’assiette fiscale de l’impôt sur les sociétés, est un « vieux sujet » qui mobilise déjà depuis longtemps les fonctionnaires des deux côtés du Rhin.

Pour la Süddeutsche Zeitung, « le couple Macron-Merkel paraît trop bien assorti à tous égards pour ne pas pouvoir produire de grandes choses. Mais quoi ? Un plan d’investissement, sur le plan militaire, sur celui de l’armement, y compris un avion de combat ? Peut-on imaginer jusqu’à un nouveau traité européen ? » Le quotidien de Munich voudrait y croire, mais modère ses attentes : « dans l’enthousiasme, il ne faut pas perdre de vue d’une part que les deux pays finissent toujours par se chamailler quand on touche à la souveraineté ou au rôle de l’Etat et d’autre part qu’il n’y a pas que deux Etats membres dans l’UE ». Aux yeux de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il n’en reste pas moins que « le gouvernement fédéral a en Macron le partenaire français attendu depuis longtemps», qui « crée de grandes attentes en matière de réforme du marché du travail et de discipline budgétaire », mais qui nourrit également de grandes espérances à l’égard de l’Allemagne, estime le journal.

Dans le contexte du CMFA, le Handelsblatt publie une tribune de l’ancien directeur général du Trésor Ramon Fernandez qui voit dans la coopération du président de la République et de la chancelière une « chance historique » pour relancer le projet européen.

« L’Europe a un cœur pour les spéculateurs » (Berliner Zeitung)

Après la taz et le Spiegel Online hier, la Berliner Zeitung et Die Welt regrettent que la France et l’Allemagne semblent sur le point « d’enterrer le projet de taxation des transactions financières ». La Berliner Zeitung fustige un « scandale » après les crises financières et y voit le résultat du lobby efficace du secteur financier. Le quotidien de Berlin s’en prend particulièrement à Wolfgang Schäuble, jugé étonnamment discret sur ce sujet et, plus encore, à Emmanuel Macron, accusé de ne pas vouloir déplaire à court terme au secteur financier, notamment à un moment où Paris veut attirer les institutions financières dans le contexte du Brexit. La presse fait état de critiques très dures du président du groupe d’amitié Allemagne-France au Bundestag Andreas Jung sur la radio régionale SWR.

  1. International

« Alpha Condé : l’Afrique et l’Europe risquent de chavirer ensemble » (Die Welt)

Le président guinéen, qui exerce la présidence de l’Union africaine, salue dans une interview le nouvel engagement allemand en Afrique, précisant que « les Français, les Américains ou les Chinois » n’ont pas d’exclusivité sur le continent. A. Condé insiste sur la priorité de l’emploi des jeunes et liste les secteurs de coopération à privilégier : énergie, infrastructures, industrialisation, santé et formation. Marquant le souhait des Africains de prendre en main leur destin dans le cadre de l’agenda 2063 « sans recevoir de leçons de l’extérieur », le président de l’UA invite Berlin à mieux coordonner ses « assez nombreuses initiatives pour l’Afrique », à favoriser une plus grande flexibilité des bailleurs internationaux sur le taux d’endettement des pays africains et à accorder davantage d’assurance-crédit aux investisseurs européens en Afrique. Interrogé sur la crise migratoire, le président guinéen estime que l’Europe et l’Afrique sont « sur un même bateau […] qui risque de chavirer » et que, face à un problème durable, la solution passe davantage par le développement de l’Afrique que par la fermeture des frontières européennes.

« Des patrouilleurs pour Riyad » (Süddeutsche Zeitung)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et la Süddeutsche Zeitung font état de l’indignation de parlementaires de Die Linke, des Verts, mais aussi du SPD après la notification au Bundestag par la ministre fédérale de l’Economie Brigitte Zypries (SPD) de l’autorisation d’exportation vers l’Arabie saoudite de 4 patrouilleurs (Lürssen), de 110 tracteurs de poids lourds non blindés (Rheinmetall), ainsi que de « matériels et équipements militaires » d’un montant de 8,9 millions d’euros. La livraison d’un sous-marin (Thyssen-Krupp) à l’Egypte aurait également été autorisée. Le vice-président du groupe SPD Rolf Mützenig juge que de telles exportations vers l’Arabie Saoudite sont « irresponsables » dans le contexte des « tensions avec le Qatar et du blocus des ports yéménites par l’Arabie » et susceptibles de faire peser un soupçon sur le rôle « d’honnête courtier » que l’Allemagne prétend jouer dans la crise, relèvent les quotidiens./.