Chine. Défense : Pékin “solide comme un roc”

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Le pays réaffirme son intention de consolider sa présence en mer de Chine méridionale et accuse les Etats-Unis d’attiser les tensions.

Cependant, au lieu de s’intéresser à la stratégie militaire générale de la Chine et de reconnaître les progrès accomplis en matière de transparence de la part de l’armée chinoise, quelques rares pays chicaniers “cherchent la petite bête” et mettent en avant des questions peu importantes.

Ainsi, lors de la conférence de presse de présentation du Livre blanc, un journaliste de la chaîne de télévision américaine CNN, sans la moindre circonspection après le survol [le 20 mai] par un avion espion américain d’îlots chinois en mer de Chine méridionale, a accusé la Chine de porter atteinte à la sécurité maritime par ses travaux d’aménagement [plusieurs récifs ont récemment été transformés en véritables îlots, avec port et piste d’atterrissage sur l’un d’entre eux].
Il a rappelé que l’armée américaine avait annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de cesser ses survols et demandé quelles seraient les réactions de l’armée chinoise.

Une telle attitude de la part des médias américains n’est pas sans rappeler deux événements récents. Tout d’abord, il y a quelques jours, lors de la cérémonie de remise des diplômes aux élèves de l’Académie navale d’Annapolis (la United States Naval Academy, USNA), le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, a évoqué les problèmes en mer de Chine pour attiser l’esprit guerrier des futurs marines.

Par ailleurs, dans une interview au magazine Time, le commandant de la Flotte américaine du Pacifique, Harry B. Harris, a critiqué ouvertement la Chine en l’accusant de “ne pas laisser les pays voisins tranquilles” et d’“augmenter les tensions dans la région” ; il est même allé jusqu’à déclarer qu’il fallait être prêt à la guerre. [“Notre capacité à être prêt à la guerre, notre aptitude à combattre ce soir même seront toujours mes priorités. Nous devons être prêts pour l’inattendu”, a-t-il dit.]

Si l’on lie ces faits les uns aux autres, force est de constater que les Etats-Unis mettent de l’enthousiasme à intervenir et à semer le désordre en mer de Chine méridionale – avec d’évidentes mauvaises intentions. Cependant, ils vont devoir comprendre quelques principes de base.

Obama n’a rien à dire

Premièrement, légalement, les Etats-Unis n’ont aucun droit de regard sur la mer de Chine méridionale. Ils ne peuvent avoir aucune revendication et n’ont pas leur mot à dire. Le fait que la Chine fasse des constructions dans une zone sous sa souveraineté n’est pas critiquable, d’autant plus que les infrastructures serviront pour les secours en mer ou à la prévention des catastrophes naturelles ; elles seront vraiment au service de la sécurité maritime.

Deuxièmement, moralement, rien n’autorise les Etats-Unis à faire des reproches à la Chine. Ils invoquent pour un oui ou pour un non la “liberté de navigation”, mais cette soi-disant liberté n’est que celle des navires de l’armée américaine qui se permettent de pénétrer dans des eaux territoriales étrangères. Les Etats-Unis, qui n’ont que le droit international à la bouche, demandent à la Chine de respecter la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, qu’ils n’ont eux-mêmes pas encore ratifiée ! Ils calomnient la Chine en qualifiant de “provocation” ses actions visant à maintenir ses droits légitimes, tandis qu’ils ferment les yeux sur les transgressions et provocations de leurs alliés. Il est clair qu’il y a deux poids deux mesures.

L’encerclement n’aura pas lieu

Troisièmement, les Etats-Unis se bercent d’illusions s’ils pensent pouvoir réaliser un “encerclement” de la Chine en mer de Chine méridionale. Pour ce faire, ils soutiennent à fond les Philippines [qui a entamé en 2013 une action juridique internationale contre la Chine à propos des îles Spratleys], ils poussent le Japon à intervenir, ils font des pieds et des mains pour obtenir l’appui de certains pays de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est). Mais leur tentative rencontre peu de succès car les pays de la zone aspirent à la paix et à la stabilité, et redoutent toute escalade des tensions. Ainsi, aux Philippines, même si certains politiciens tiennent de temps à autre des propos provocants, on y rencontre également de nombreux membres de l’élite ou de simples citoyens qui sont sceptiques face à l’adoption par leur gouvernement de la même ligne que les Etats-Unis vis-à-vis de la Chine.

Quatrièmement, les Etats-Unis n’ébranleront pas la ferme volonté de la Chine de défendre ses droits en matière de souveraineté, question non négociable. Les Etats-Unis font fausse route en tentant de forcer la Chine à arrêter ses constructions sur les archipels. En fait, la réponse chinoise est très claire : sa volonté de protéger sa souveraineté et ses territoires nationaux est “solide comme le roc”.

Enfin, il convient de souligner que les Etats-Unis peuvent difficilement esquiver leur responsabilité dans les derniers remous en mer de Chine méridionale. Or, face à la volonté délibérée américaine de semer le désordre et leur obstination à agir inconsidérément, la Chine est toujours restée calme et a gardé son sang-froid.

Dans ce dossier, la Chine a adopté un profil bas et s’en tient au droit international tout en ayant bien conscience des menaces et en se préparant à faire face au danger. Si les Etats-Unis souhaitent réellement œuvrer en faveur de la paix et de la stabilité dans la zone Asie-Pacifique, il leur faut bien comprendre les intentions stratégiques et la politique de la Chine. Il ne faut surtout pas qu’ils oublient certains principes de base en agissant inconsidérément.