Jeudi 12 janvier 2017
Réalisation : Tristan-Aurel Mouline
Validation : Emmanuelle Lachaussée
- Politique intérieure
Conférence de presse de Donald Trump
La conférence de presse qu’a tenue Donald Trump à la Trump Tower le 11 janvier fait la « une » des médias. A ce jour, le président élu n’a accepté que deux interviews et avait annulé la conférence de presse prévue le 15 décembre – pour évoquer, en particulier, la question des conflits d’intérêts –, préférant communiquer via Twitter en court-circuitant les médias traditionnels. La première conférence de presse de Donald Trump depuis son élection suscite donc un écho médiatique très important.
Les médias soulignent tout d’abord que le style du président élu Trump est le même que celui du candidat Trump, évoquant une conférence de presse « chaotique » (NYT) et déplorant le caractère impulsif voire agressif de Donald Trump mais s’étonnant de sa capacité à « évacuer » les polémiques.
- Au-delà du démenti apporté par Donald Trump face aux allégations compromettantes dévoilées par CNN et BuzzFeed le 10 janvier, Gerald F. Seib estime, dans le Wall Street Journal, que Donald Trump est resté égal à lui-même, « dénonçant les attaques à son encontre puis passant à autre chose sans se laisser submerger par cette controverse, à l’inverse d’autres responsables politiques ».
- A ce sujet, les médias (NYT, WSJ, USA Today) notent que Donald Trump poursuit sa stratégie de campagne qui consiste à vilipender les organes de presse traditionnels. Il s’en est ainsi vivement pris à un journaliste de CNN – accusant la chaîne de diffuser des fausses informations – afin de fragiliser la crédibilité des organes de presse traditionnels dont la majorité des Américains se méfient.
- L’équipe éditoriale du New York Times compare les promesses qu’a formulées Donald Trump – affirmant, par exemple, qu’il serait « le plus grand créateur d’emplois que Dieu ait jamais créé » – à des annonces publicitaires télévisées. Evoquant The Apprentice (une émission de téléréalité qui propose de transformer des candidats en hommes d’affaires avisés, diffusée sur NBC à destination du grand public et à laquelle Donald Trump participait), le quotidien considère que le président élu continue d’exploiter les ressorts de la téléréalité en livrant des analyses schématiques avec « vantardise ».
- Dans ce contexte, le New York Times estime, en « une », que Donald Trump n’a pas l’intention d’adopter une posture « plus présidentielle », déplorant son « style belligérant », son irritabilité et sa susceptibilité. Chris Cilizza, dans le Washington Post, partage cette analyse en ironisant : « s’il n’y avait déjà aucune chance que Donald Trump change, il y en a désormais encore moins ».
Sur le fond, la presse critique le caractère pour le moins approximatif des déclarations de Donald Trump. Un article de « fact-checking » du Washington Post souligne ainsi les nombreuses inexactitudes assénées par le président élu, notamment en matière de politique économique. A titre d’exemple, Donald Trump se targue d’avoir encouragé Fiat Chrysler à construire une entreprise aux Etats-Unis plutôt que dans un autre pays alors même qu’il s’agissait du projet du groupe depuis plus d’un an, en aucun cas lié à l’élection de Donald Trump.
Concernant la question des conflits d’intérêts, qui demeure au centre des préoccupations de la presse, les propositions de Donald Trump pour y remédier sont jugées insuffisantes. C’est ce que titre, en « une », le Washington Post dont l’équipe éditoriale estime que le président élu a annoncé des mesures positives mais qu’il doit aller plus loin, prenant toutefois acte de la difficulté posée par l’ampleur des actifs de Donald Trump. L’équipe éditoriale du Wall Street Journal livre une analyse similaire. La décision du président élu de déléguer à ses fils la gestion de l’entreprise apparait comme la principale pierre d’achoppement, note le Wall Street Journal. En « une », le New York Times ajoute que Walter Schaub Jr, qui dirige le United States Office of Government Ethics (OGE) a « publiquement émis des critiques inhabituelles », considérant les initiatives de Donald Trump « inadéquates ».
Les enjeux liés à la Russie font aussi l’objet de nombreux commentaires des médias. Les principaux titres (WP, NYT, WSJ) notent, en « une », que Donald Trump a enfin « admis » que les interférences lors de la campagne américaine avaient été organisées par les Russes même s’il a nuancé ses propos immédiatement après en ajoutant que « d’autres pourraient aussi être les auteurs de ces cyberattaques ». L’équipe éditoriale du Washington Post estime que « les Américains méritent des réponses sur les agissements de la Russie », demande qu’une enquête bipartisane soit menée et déplore que Donald Trump ne soit pas « outré » par cette affaire. S’agissant des allégations sur la sextape dans laquelle apparaitrait Donald Trump et que les Russes détiendraient, le Washington Post note que « les républicains se sont rassemblés autour du président élu ».
Audition de Rex Tillerson (Russie / Chine)
Les médias (WSJ, NYT) notent que le candidat au poste de secrétaire d’Etat s’est parfois distancié de Donald Trump lors de son audition au Sénat. Bloomberg nuance cette analyse, jugeant l’approche de Rex Tillerson « en phase avec celle de Donald Trump, dans l’ensemble ». Malgré de vifs échanges avec Marco Rubio – qui a demandé à Rex Tillerson si Vladimir Poutine était « un criminel de guerre » – et avec Tim Kaine – sur les questions environnementales –, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal qualifie de « sobre » l’audition du candidat au poste de secrétaire d’Etat. Le journal considère que Rex Tillerson a fait preuve de « réalisme » en soulignant les défis qui attendent les Etats-Unis et en admettant que « la Russie pose un danger ». A l’instar du président élu, Rex Tillerson a adopté une posture de confrontation vis-à-vis de la Chine, déclarant que les Etats-Unis enverront un « signal clair » à Pékin pour lui interdire « l’accès » aux îles disputées de mer de Chine du sud – une menace inédite, souligne la presse. Ces déclarations interviennent alors que le porte-avions chinois Liaoning a traversé le détroit de Taïwan, ce que le New York Times qualifie de « démonstration de force » de nature à attiser les tensions entre Pékin et Washington.
- France/Europe
Election présidentielle française
Bloomberg rapporte que la présidente du Front national, Marine Le Pen, est à New York dans le cadre d’une visite « non annoncée » et ajoute que son équipe n’a pas indiqué qu’une rencontre était prévue avec Donald Trump. Par ailleurs, le site d’information populiste Breitbart souligne que « l’ambassadeur du Royaume-Uni en France a confirmé qu’il ne nouerait pas de lien avec Marine Le Pen à l’approche de l’élection présidentielle ». Enfin, le Seattle Times estime que « le nationalisme est au cœur de la campagne » de la candidate du Front national, rappelant ses positions sur l’Europe et l’immigration et comparant son projet de rapprochement avec la Russie à celui de Donald Trump.
III. International
Conférence de Paris sur le Proche-Orient
Le Miami Herald rapporte que le Premier ministre Netanyahu a condamné l’organisation de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient. Voice of America souligne que le secrétaire d’Etat américain participera à cette conférence, lequel « essaiera, à cette occasion, de sauvegarder la solution à deux Etats ».
Russie – Turquie
Foreign Policy consacre un article au « mariage de convenance » entre le Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.
Liban – Arabie Saoudite
Michel Aoun, le président libanais « soutenu par le Hezbollah et actuellement en visite en Arabie Saoudite », souhaite renforcer les liens entre Beyrouth et Riyad afin de restaurer les relations militaires bilatérales, bien qu’un rapprochement ait déjà été opéré avec Téhéran, rapporte le Wall Street Journal. Le quotidien rappelle que le Liban est au cœur des enjeux politiques régionaux, entre l’Iran qui soutient les militants libanais chiites et l’Arabie Saoudite qui apporte son soutien au bloc sunnite du Liban.