Ça se passe en Europe : les professions libérales ne font plus rêver les jeunes italiens

Après le boom de la fin des années 1990 et du début des années 2000, ces dix dernières années le nombre de candidats a baissé de 31% en moyenne.

Puisque l’ascenceur social est en panne, les jeunes italiens sont de plus en plus nombreux à en descendre. C’est ce que constate le ministère de l’éducation nationale qui observe une véritable fuite des concours qui ouvrent les portes des professions libérales auparavant emblème de l’accès aux rangs les plus prestigieux du monde du travail. Après le boom de la fin des années 1990 et du début des années 2000, ces dix dernières années le nombre de candidats a baissé de 31% en moyenne.

La crise des vocations la plus importante est vécue par une profession qui jusqu’à présent était le symbole du prestige social : celle de notaires. Les inscrits à l’ordre des notaires ont en effet chuté de 56% en moyenne avec des pics à 60% à Naples et 68% à Bari. Une baisse de quantité qui pourrait très rapidement se doubler d’une baisse de qualité. Si auparavant un candidat sur 15 réussissait le concours ils sont aujourd’hui 1 sur 4 avec 50% de lauréate. Aujourd’hui 33,5% des notaires en Italie sont des femmes. Une profession de plus en plus féminine mais de moins en moins rémunératrice, ce qui en faisait son principal attrait. 75% de ceux qui l’exercent ont un revenu annuel brut inférieur à 70.000 euros alors qu’il oscillait auparavant autour des 200.000 euros.

Baisse des revenus

Il n’y a pas que les registres des ordres des notaires qui se dégarnissent. Les nouvelles inscriptions des psychologues ont baissé de 22%, celles des experts comptables de 44% et celles des ingénieurs de 50%. Pour les architectes, profession libérale qui, avec celle d’avocat, est l’une des plus répandue en Italie, le solde est même négatif. En 2016 pour 4.612 nouvelles inscriptions, 4.800 ont noms été rayés de l’ordre essentiellement pour des départs à la retraite. Ils sont encore 150.000 à exercer contre leurs 30.000 confrères français ou britanniques.

La baisse des revenus frappe également la plupart des métiers. En 10 ans elle a été de 14,7% pour les avocats, 20,7% pour les architectes et les ingénieurs, 27% pour les experts comptables et 36,3% pour les notaires. Ainsi pour 56% des avocats, le revenu annuel est de 20.000 euros. Pas de quoi permettre de susciter des vocations pour pallier le choc démographique. Un tiers de la population italienne a plus de 60 ans et seulement 474.000 naissances ont été enregistrées en 2016, record historique depuis l’unité du pays en 1861 et nombre même inférieur à ceux des années de la première guerre mondiale.

Tous les résultats ne sont pas négatifs et certains sont en contre-tendance. Le nombre des médecins a connu une hausse de 13% et leurs revenus ont progressé de 43,5%, celui des vétérinaires a connu une baisse limitée de 5% mais une hausse de 22,5% de leurs revenus. Les inscriptions de pharmaciens ont été 25% plus nombreuses quant à celles des agronomes elles bondissent de 42% avec des revenus 30% plus importants. Une chose ne bouge pas en revanche, le corporatisme qui caractérise la société italienne et la libéralisation de professions qui réussissent à freiner ou empêcher toute évolution dès qu’elle est évoquée par le gouvernement.
Les Echos 08/03/2017