Déclin des commerces de centre-ville : les acteurs réclament un plan Marshall

Plusieurs rapports confirment la montée inquiétante de la vacance commerciale dans les villes moyennes.
Boutiques éphémères ou à l’essai, plan d’aide de la Caisse des Dépôts… les solutions se font souvent au cas par cas.

Un plan Marshall pour les petits commerces ? Alors que les soldes réveillent depuis une semaine nombre de centres-villes, certains pleurent leurs devantures fermées. La situation ne cesse de péricliter depuis dix ans. Deux études récentes viennent de le confirmer. Dans sa dernière analyse rendue publique en mai, l’Institut pour la ville et le commerce souligne que, depuis 2010, la vacance commerciale s’est accentuée, gagnant en moyenne un point par an. En 2016, elle atteint en moyenne 11,3 % dans le coeur des villes de plus de 25.000 habitants. Selon l’étude, sur un échantillon de 190 agglomérations urbaines de cette taille, « plus de 40 % des centres-villes connaissaient une situation très favorable en 2001, avec un taux de vacance commerciale inférieur à 5 % ». Quinze ans plus tard, ils sont moins de 7 %. A contrario, seuls un peu plus de 10 % des centres-villes affichaient un taux de vacance commerciale supérieur à 10 % en 2001. Ils sont près de 60 % en 2016.

Nevers, Auxerre, Châtellerault, Béziers, Calais, Cholet, sont parmi les plus mal loties, avec plus de 15 % de commerces inoccupés. D’autres résistent comme Bayeux, Biarritz, Beaune, La Rochelle, ou Saint-Malo, avec moins de 5 % depuis quinze ans.

Ce sont les plus petites villes (moins de 100.000 habitants) qui accusent le plus le coup – taux de vacance moyen de 12,1 % en 2016 -, les grandes villes de plus 250.000 habitants s’en sortent bien mieux (taux inférieur à 8,5 %). « Il y a une accélération de la prise de conscience. Mais maintenant, il faut stopper l’hémorragie », déclare Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, la fédération du commerce spécialisé.

Le cas d’Albi

Ces chiffres viennent corroborer l’ambitieux rapport – une première de la part de l’administration de l’Inspection générale des finances (IGF) – « La Revitalisation commerciale des centres-villes » de juillet 2016 (qui avait en partie repris des chiffres de l’Institut pour la ville et le commerce). Le « New York Times » avait enfoncé le clou en consacrant un papier en mars au « déclin » d’Albi.

Les raisons de cette désaffection sont connues : centres commerciaux en périphérie, concurrence de l’e-commerce, manque de stratégie dans la politique commerciale, appauvrissement des centres-villes… « Dans les opérations d’aménagement, les urbanistes veulent souvent développer des milliers de mètres carrés de commerces en pied d’immeuble, alors que les flux ne sont pas forcément présents », relève Gérald Azancot, PDG de Fiminco, qui réalise des études sur le sujet pour les collectivités. Dijon est un cas d’école. L’installation en 2013 dans le centre commercial de périphérie de la bête noire des petits commerces, Primark, a fait vaciller le centre-ville en quelques mois.

Parmi les solutions plus ou moins nouvelles préconisées par le rapport – accompagner la transition numérique des commerces, régionaliser les commissions d’aménagement commercial, déployer des manageurs municipaux de centre-ville -, le gouvernement précédent avait été raillé pour avoir créé, pour toute réponse, un site Internet, « Coeur de ville », en début d’année. Les maires misent sur l’opération C entres-villes de demain de la Caisse des Dépôts, lancée il y a trois mois sur dix villes pilotes, qui vise à agir sur plusieurs leviers en même temps – foncier, immobilier, mobilité, habitat, commerces. « Une approche habile  », juge Emmanuel Le Roch.

Marion Kindermans, Les Echos

Les Echos 05/07/2017