Eolien en mer : les recours continuent de retarder les parcs français

Les associations anti-éolien ont déposé de nouveaux recours.
La mise en service du premier parc serait repoussée de six à huit mois, vers 2022-2023.

Il y a de quoi décourager les opérateurs des futurs parcs éoliens en mer français, EDF EN, Engie et Iberdrola. Malgré la réforme censée réduire les délais administratifs liés à ces projets gigantesques, les recours des associations anti-éolien ne cessent de repousser leur mise en service. Selon nos informations, de nouveau recours viennent d’être déposés contre les parcs d’EDF EN à Fécamp (Seine-Maritime) et à Courseulles-sur-Mer (Calvados). De quoi décaler à nouveau potentiellement les projets d’un an, et en tout cas «  d’au moins six à huit mois », estime un juriste.

Alors que la mise en service du premier parc était initialement prévue pour 2020, il est désormais plus raisonnable de viser 2022-2023. Au mieux. «  Nous avons remporté l’appel d’offres en 2012, et nous sommes encore en train de traiter des sujets juridiques  ! », regrette Antoine Cahuzac, patron des énergies renouvelables chez EDF.

« Projet pharaonique »

Les pouvoirs publics avaient pourtant cherché à limiter les délais liés à ces recours, grâce à un décret de janvier 2016 relatif aux énergies renouvelables marines : leur traitement est confié à la cour administrative d’appel (CAA) de Nantes, qui doit se prononcer en un an maximum. «  C’est très positif : une chambre spécialisée peut harmoniser sa jurisprudence, et aller plus vite », souligne Fabrice Cassin, associé chez LPA-CGR. Mais cela n’empêche pas les associations anti-éolien, qui ont pour stratégie d’attaquer 100 % des projets, de ralentir sensiblement le processus. Sur le parc de Fécamp par exemple, la CAA de Nantes vient tout juste de débouter les associations du recours déposé en août 2016, qui portait sur l’autorisation accordée au titre de la loi sur l’eau. Or elles attaquent aujourd’hui une autre autorisation, la concession d’occupation du domaine public. Elles dénoncent «  l’absurdité de ce projet pharaonique de 83 éoliennes géantes », et craignent «  la destruction du site emblématique d’Etretat ». «  Les associations jouent leur jeu, menant une stratégie de harcèlement et cherchant à gagner du temps  », poursuit l’avocat.

«  Nos trois parcs ont obtenu leurs autorisations après des enquêtes publiques et de nombreuses consultations de toutes les parties prenantes, qui ont débouché sur un avis favorable, insiste Antoine Cahuzac. Là, on est dans le dogme, ces associations ne veulent simplement pas d’éolien en mer»

En attendant, c’est toute la filière qui est bloquée. Même si certains peuvent profiter de ces délais pour boucler leur financement et régler des problèmes techniques, les opérateurs attendent que tous les recours soient purgés pour prendre la décision d’investissement et passer commande à leurs fournisseurs. «  Il y a des milliards en jeu, nous ne pouvons pas prendre ce risque », dit Antoine Cahuzac, rappelant que, sur les parcs d’EDF EN, la création de 7.000 emplois est en jeu, notamment chez GE Renewable Energy, dont l’usine flambant neuve de Saint-Nazaire doit fournir les turbines.

Anne Feitz, Les Echos

Les Echos 06/07/2017