Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

22 octobre 2015

 

  1. La crise migratoire, sous divers aspects, continue d’occuper les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que « le gouvernement n’avance pas dans les négociations sur les ‘zones de transit’ » aux frontières allemandes pour les réfugiés en raison de divergences au sein de la grande coalition. Le Tagesspiegel, reprenant des déclarations de membres CDU du gouvernement, titre que « les reconduites à la frontière devraient considérablement s’accélérer ». Die Welt revient sur la situation dans les Balkans (« des réfugiés en colère mettent le feu à leurs tentes »). La Süddeutsche Zeitung révèle en Une que « les violences contre les réfugiés alarment la police criminelle fédérale ». Le quotidien économique Handelsblatt, sur la base d’une étude de l’institut DIW, évalue le « dommage fiscal Volkswagen » à 1,5 milliard d’euros, montant du manque à gagner pour le fisc allemand qui pourrait résulter d’une baisse du chiffre d’affaires du groupe liée au scandale des émissions polluantes.
  2. Allemagne

« Le gouvernement n’avance pas dans les négociations sur les zones de transit » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre à sa une, la FAZ rapporte sur la base des propos du porte-parole du gouvernement fédéral, que la direction du SPD et les ministres SPD du gouvernement campent sur leur opposition à la mise en place de zones de transit aux frontières de l’Allemagne. Evoquant les moyens adoptés hier en conseil des ministres que l’Allemagne compte mettre en œuvre pour reconduire à la frontière les personnes déboutées du droit d’asile, le journal précise que si la ministre de la défense, Ursula von der Leyen (CDU), n’a pas exclu le recours à des avions de transport de troupes de la Bundeswehr. Le Tagesspiegel fait état de « l’appel au secours » adressé par 215 maires de Rhénanie du Nord-Westphalie à la chancelière et à la ministre-présidente du Land pour réclamer des mesures destinées à freiner l’afflux des réfugiés et une redistribution des compétences. Sous le titre « les violences contre les réfugiés alarment la police criminelle fédérale », la Süddeutsche Zeitung fait état pour sa part de la recrudescence des attaques contre les centres d’accueil et d’hébergement des réfugiés. Dans un rapport interne dont le journal a eu connaissance, la police criminelle fédérale insiste aussi sur le risque que des responsables politiques soient de plus en plus la cible d’attaques de violences xénophobes.

  1. Europe

Réfugiés : « Juncker veut mettre fin au chaos » (Handelsblatt)

Toute la presse rapporte que le président de la commission européenne a invité – « suite à une suggestion de la chancelière » selon le porte-parole Steffen Seibert – les dirigeants des pays touchés directement par l’afflux de réfugiés à une rencontre en format restreint dimanche, un mini-sommet que Jean-Claude Juncker a soigneusement évité de qualifier comme tel car il n’entre pas dans ses attributions de convoquer les chefs d’Etat et de gouvernement européens, soulignent tous les journaux. Sous le titre « l’ordre du jour de Merkel pour Bruxelles », le tabloïd Bild énumère les mesures envisagées par la commission pour coordonner les politiques migratoires des Etats membres et faire face à l’urgence humanitaire sur la route des Balkans, notamment l’envoi des 450 hommes des équipes rapides d’intervention aux frontières (RABIT).

« Une fois de plus, Juncker prend la tête de la gestion d’une crise aiguë de l’UE », note le Handelsblatt qui ajoute : « à Berlin, on est très soulagé qu’il prenne les choses en main ». « Juncker et Merkel n’ont jamais été très proches, mais leur volonté de résoudre la crise des réfugiés au plan européen les amène à coopérer plus étroitement que jamais », remarque aussi la Süddeutsche Zeitung en s’appuyant sur des déclarations de l’entourage de la chancelière, selon lesquelles A. Merkel et J.-C. Juncker seraient « personnellement engagés » pour ne pas rester passifs devant le risque d’effritement de l’Europe. « Nous devons mettre fin à la politique qui consiste à repasser la responsabilité à son voisin, nous en parlerons, et nous ferons aussi passer le message qu’il faut que d’autres pays en Europe, non situés sur cette route des réfugiés, prennent davantage leur part du fardeau », déclarait hier soir sur la chaîne publique ZDF le ministre fédéral à la chancellerie et coordinateur de la gestion de cette crise au sein du gouvernement, Peter Altmaier (CDU), citant expressément l’exemple positif des« pays européens assumant leurs responsabilités » (Suède, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne) et de ceux qui, à l’instar de la Slovénie, supportent le poids du transit des réfugiés, les autres, non nommés, étant implicitement visés par ce rappel à l’ordre.

Les efforts colossaux de l’administration et de la population allemandes pour accueillir, loger, nourrir et soigner les milliers de réfugiés affluant sans relâche depuis des semaines sont peu perçus dans la presse européenne, notamment italienne, qui se contente de relayer les images négatives de réfugiés luttant contre le froid ou se bagarrant, de manifestants xénophobes et de policiers postés aux frontières, s’étonne et se désole Die Welt dans un commentaire. « En Europe quasiment personne n’admire les gentils Allemands pour ce qu’ils font pour les réfugiés, au motif que ce sont eux-mêmes qui se sont mis dans ce pétrin », constate Die Welt en déplorant que l’Allemagne, « soi-disant hégémonique, se retrouve isolée et en chemise » en Europe.

« Petite réforme de la zone euro » (Handelsblatt)

Les propositions annoncées hier par le vice-président de la commission européenne, Valdis Dombrovskis, pour renforcer la gouvernance de la zone euro, ne suscitent que peu d’intérêt dans la presse allemande, qui relève surtout la volonté d’une représentation unique de la zone euro au FMI et d’un système européen de garanties des dépôts, toutes mesures auxquelles les Etats de la zone euro sont diversement opposés, juge le Handelsblatt qui note qu’à ce stade, l’action de la commission ne peut se limiter qu’à « créer des groupes de travail ».

  1. International

« Assad remercie Poutine à Moscou pour les frappes aériennes » (FAZ)

La presse accorde une couverture écrite et photographique importante à la « visite surprise » du président syrien à Moscou. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, cette rencontre « révèle plusieurs choses : Poutine n’est pas prêt à laisser tomber de sitôt ce souverain de la violence, alors que l’Occident l’espère encore ; Assad a peut-être peur d’une révolte puisque sa visite a été tenue secrète ; il n’y a désormais plus aucun doute sur le fait qu’Assad s’est totalement mis dans la main de Moscou ». Le journal de Francfort s’alarme de ce qui ressemble en tout état de cause à une entente entre les deux hommes pour apporter une solution militaire à la crise. Le Tagesspiegel se désole d’un double « retour dans le jeu » : « c’était une illusion de croire qu’un nouvel ordre des rapports de puissance était possible en Syrie sans prendre en compte le rôle du dictateur Assad ; […] la Russie exerce à nouveau une politique de force sur le territoire d’autrui ». Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung juge que Vladimir Poutine veut démontrer à l’Occident « sa force et sa puissance » et que « rien n’est plus possible dans les zones de conflit sans la Russie », notamment au Moyen-Orient. La Süddeutsche Zeitung, dans une brève, croit savoir qu’on regarde avec intérêt à Moscou une possible ouverture des Irakiens à une coopération avec la Russie. La plupart des commentateurs s’interrogent sur l’ampleur de ce retour géopolitique russe. Sur un ton plus sceptique vis-à-vis de Moscou, Die Welt considère que Poutine « joue gros » dans ce rapprochement avec Bachar el-Assad car désormais « les prétentions géopolitiques de Moscou » au Moyen-Orient dépendront du succès des manœuvres russes en Syrie. La Süddeutsche Zeitung ajoute que les ambitions internationales de Vladimir Poutine contrastent avec les difficultés internes du pays, notamment « le malaise quotidien » de la population russe en raison des coupes budgétaires dans les domaines de la culture et de la santé et dans les infrastructures.

Visite du premier ministre israélien à Berlin

Le déplacement du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou hier soir à Berlin, au cours duquel il s’est entretenu avec la chancelière est mentionné par les quotidiens de manière surtout factuelle ce matin en raison de l’heure tardive de la rencontre. Les journaux relèvent, pour les déplorer, les propos du premier ministre israélien en amont de sa visite à Berlin, celui ayant mis en avant l’influence qu’aurait exercée le mufti de Jérusalem sur Hitler pour le convaincre d’exterminer les juifs pendant la seconde guerre mondiale. Ils notent également qu’à son arrivée à Berlin, B. Netanyahou a tiré à boulets rouges sur les Palestiniens et le président Mahmoud Abbas en les qualifiant de « menteurs » et d’« agitateurs ». Seul le Tagesspiegel publie à ce stade un commentaire sur la visite pour saluer l’attitude d’Angela Merkel qui a su « accueillir son hôte israélien avec un peu plus que les mots chaleureux habituels » et pour souligner l’importance de la coopération entre l’Occident et Israël, estimant que « même si on n’aime pas Netanyahou, on ne peut pas non plus le condamner ».

Dialogue de Saint-Pétersbourg

En lever de rideau du dialogue russo-allemand de Saint-Pétersbourg à Potsdam, le Handelsblatt publie un entretien du président du dialogue, Ronald Pofalla, qui insiste sur l’importance de ce forum stratégique de discussion, notamment alors que les relations germano-russes font face « à leur phase la plus difficile depuis 25 ans ». R. Pofalla considère que la situation en Ukraine s’est globalement améliorée puisque « les armes se taisent depuis sept semaines » et estime que la mise en œuvre des accords de Minsk commence à prendre forme. Il juge en outre qu’une levée prochaine des sanctions à l’encontre de la Russie serait trop prématurée et met à nouveau en avant la nécessité de dialoguer avec Moscou pour mettre fin à la crise en Ukraine./.