Normale Sup veut inciter les filles à oser les carrières scientifiques

Seulement 8 % de filles ont été admises en filière scientifique à l’Ecole normale supérieure (ENS) en 2013, alors qu’elles représentaient 45,6 % des candidats au bac S la même année, où elles avaient mieux réussi que les garçons.

Pour « inciter les étudiantes à investir des filières d’avenir et s’autoriser sans crainte à tenter le concours », l’ENS lance, jeudi 12 novembre, une websérie de six épisodes. On y voit, réunis autour d’une table, des normaliens et des normaliennes – doctorantes, chercheuses et directrices de départements de recherche – discuter de la place des femmes dans la communauté scientifique. D’une durée de quatre minutes, ces vidéos pointent le plafond de verre et les différents blocages, souvent implicites, qui bloquent l’ambition et la carrière des femmes dans ce domaine.

A chaque étape, la proportion diminue

L’idée de cette websérie a germé après une enquête sociologique de septembre 2014, intitulée « La production d’une noblesse scientifique : enquête sur les biais de recrutement à l’ENS ». Ses auteurs, Marianne Blanchard, Sophie Orange et Arnaud Pierrel ont remarqué qu’à chaque étape de sélection, la proportion de filles diminue, qu’il s’agisse de la spécialisation en seconde, de l’orientation post-bac en prépa ou du concours d’admission. Ainsi, en 2013, alors que les filles représentaient 21 % des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles MP (maths-physique), seulement 15 % d’entre elles ont tenté le concours de l’ENS. En filière PC (physique-chimie), où elles constituaient 34 % des effectifs, seulement 26 % se sont inscrites à ce concours, plus sélectif que ceux de la plupart des écoles d’ingénieurs. Et la proportion de celles qui ont renoncé à se présenter aux épreuves est supérieure à celle observée parmi les garçons.

Autocensure, peur de l’échec, mauvaise estimation de leur niveau… de nombreux freins pèsent sur les filles. Comme le conseille Ombline Lafont, doctorante en physique, dans une des vidéos : « Il faut se faire confiance et se faire violence, il faut se forcer à avoir de l’ambition. »

Le Monde 13/11/2015