Malgré la réforme du collège, certains établissements proposent des options « hors contrat » aux parents moyennant finances.
ÉDUCATION Si la direction de l’enseignement catholique sous contrat, qui scolarise 18 % des élèves en France, soutient depuis le début la réforme du collège menée par Najat Vallaud-Belkacem, certains établissements privés maintiendront malgré tout une offre particulièrement riche en langues vivantes, latin, options, etc. Quitte à prendre quelques libertés, car la répartition du budget de l’enseignement privé sous contrat – la fameuse dotation globale horaire de fonctionnement octroyée par l’État – n’est pas différente de celle de l’enseignement public. « Dans les textes et dans les faits, il n’y a pas de marge de manœuvre. Mais, dans les têtes, oui », expliquait en octobre Pascal Balmand, le secrétaire général de l’enseignement catholique. « En fonction de notre dotation humaine, on peut faire des choix, qu’on soit un collège public ou privé », commentait-il en allusion au nouvel enseignement interdisciplinaire « langues et cultures étrangères ». Des établissements pourraient ainsi choisir de maintenir une offre linguistique importante tout au long des années du collège, même si les classes bilangues y sont par ailleurs supprimées.
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Le collège Notre-Dame-des-Dunes de Dunkerque (Nord) compte ainsi proposer aux élèves de sixième deux sections bilangues anglais-espagnol et anglais-allemand pour la rentrée 2016-2017. « Nous appliquons la réforme mais rien ne nous empêche de proposer des heures supplémentaires au-delà du cadre réglementaire, pour continuer à offrir une section internationale ou une option voile », justifie le directeur de l’institution. Une organisation différente devrait lui permettre de dégager des moyens pour ces options qui ne devraient pas entraîner de surcoût pour les familles. Certains collèges catholiques pourraient aussi conserver leur offre inchangée, en proposant des enseignements « hors contrat ». Si ces enseignements ne sont pas légaux du point de vue de la direction de l’enseignement catholique, des établissements en proposent déjà, parfois depuis plusieurs années. Au collège Saint-Vincent à Rennes, ce sont des ateliers de chinois qui ont été créés il y a six ans, « partiellement sur fonds privés », pour répondre à la « demande de certains parents » qui souhaitaient que leurs enfants apprennent une troisième langue au collège. Les professeurs qui y enseignent sont « de droit privé » et les parents payent 390 euros par an pour que leurs enfants disposent de ces cours. Au sein de la section « internationale », la scolarité coûte 1 300 euros par an au lieu de 687 euros pour financer des cours de langue et de civilisation américaine. Sur la dizaine de professeurs qui officient dans cette section, sept sont embauchés par l’établissement. « Ce type de propositions est assez rare parce que c’est très onéreux. Nous devons normalement strictement cloisonner les cours de l’Éducation nationale et les cours hors contrat », précise Étienne Roulleaux-Dugage, le directeur de l’établissement.
À Sainte-Catherine-de-Sienne, situé dans le cœur historique d’Aix-en-Provence, dès la sixième, les élèves peuvent suivre un enseignement de mathématiques, de conversation et de civilisation en anglais. Les élèves disposent de trois heures d’anglais supplémentaires par semaine en sixième et en cinquième. « On demande une participation aux parents », explique-t-on, pour financer la venue d’un professeur américain, « un artiste-musicien qui fait travailler les élèves à travers l’art ». Le dispositif existe depuis 1998.
Le Collège Maîtrise Notre-Dame de Douvres-la-Délivrande (Calvados) propose quant à lui une « section Nacre ». Il est possible pour les élèves de débuter l’apprentissage d’une seconde langue vivante dès la classe de sixième a raison de trois heures par semaine : allemand ou espagnol en plus de l’anglais. « Il s’agit d’une initiative spécifique au collège, hors contrat avec l’État, sur fonds privés », précise-t-on. Quant au Collège Blanche de Castille du Chesnay (Yvelines), une section bilingue anglais « s’adresse aux enfants ayant au moins un parent de langue maternelle anglaise ou ayant vécu dans un pays anglophone ». En remplacement des cours d’anglais, langue étrangère, les élèves de la section bilingue ont six heures de cours en anglais (littérature anglaise, histoire et maîtrise de la langue). Un parcours payant de 1 115 euros annuels pour les parents. Pour l’option chinois – deux heures hebdomadaires -, il leur faut payer 370 euros
Le Figaro 07/12/2015