Paris se dote d’un institut de recherche innovant

 

La création, en plein coeur du quartier latin, de l’Institut Pierre-Gilles de Gennes, est l’occasion pour la ville de Paris de maintenir son statut de pôle étudiant, à l’heure où les campus fleurissent à ses portes.

Méconnue du grand public, la microfluidique est la science qui étudie le comportement des fluides à l’échelle de quelques micromètres. Dans le monde, elle représente 6 milliards de dollars d’investissement annuel et implique plusieurs milliers de chercheurs et d’ingénieurs. Elle a aussi permis l’émergence de près de 400 start-up. Un centre dédié à ces recherches vient d’ouvrir dans le 5e arrondissement de Paris. D’une surface de plus de 4.000 mètres carrés, il accueillera plus de 15 équipes de recherches, soit plus de 200 chercheurs étudiant cette matière dont le nombre d’applications industrielles est considérable : santé, énergie, chimie verte, cosmétique, agroalimentaire… Le recours à des analyses microfluidiques pourrait, notamment, permettre de diagnostiquer précocement les cancers ou de détecter des traces de pollution dans l’eau.

3.000 m2 consacrés à la recherche

Baptisé Institut Pierre-Gilles de Gennes (IPGG), du nom du Prix Nobel de physique de 1991, ce centre de recherches est intégré dans les locaux de l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI). L’école a profité de l’installation des chercheurs pour y ouvrir un incubateur dédié aux start-up, grâce à l’appui de la société belge de chimie Solvay, mécène de l’établissement. Près d’une dizaine de petites entreprises innovantes s’y sont installées : BioMillenia développe des enzymes et des souches de production destinés à l’industrie des biotechnologies ; Cardiawave propose des dispositifs de trithérapie non agressifs; la start-up Calyxia, née d’un partenariat entre l’ESPCI Paris et la prestigieuse université américaine d’Harvard. Au total, 3.000 mètres carrés de bâtis, fraîchement rénovés et aménagés seront consacrés à ce pôle de recherche innovant dont la capitale vient de se doter. La plate-forme technologique sera équipée des derniers outils en matière d’imagerie, de culture cellulaire ou encore de chimie analytique. Héberger en son coeur ce nouvel institut n’est pas une opération anodine pour la Ville de Paris, qui y a investi plus de 38 millions d’euros dont 26 millions en apport foncier et 12 millions pour les travaux de rénovation. Deux millions d’euros ont été rajoutés par Equipex IPGG et 800.000 par l’ESPCI.

Conforter la place de Paris

Mais le jeu en vaut la chandelle. En s’implantant sur les pans de la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5e arrondissement de Paris, l’IPGG vient grossir les rangs des universités déjà présentes dans le secteur. Cette opération conforte ainsi la place de Paris intra-muros comme pôle étudiant, à l’heure où sortent de terre les gigantesques campus Condorcet, au nord de la capitale, à Aubervilliers, et Saclay, au sud. « Certains avaient une vision malthusienne de la ville, ils se sont trompés », a déclaré Anne Hidalgo, qui s’est rendue à l’inauguration du centre de recherches. La Maire de Paris a, par ailleurs, salué cette « initiative audacieuse », entamée par son prédécesseur, le socialiste Bertrand Delanoë, dans ce quartier qu’elle a elle-même qualifié de « campus ». Le quartier Latin accueille les universités de la Sorbonne, Assas, l’ancienne Ecole polytechnique (désormais occupée par le secrétariat d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, les Beaux-arts. Sans oublier les prestigieux lycées Louis-Le-Grand, Henri-IV, les instituts Curie et Henri-Poincaré ou encore les deux gigantesques bibliothèques Sainte-Geneviève et Sainte-Barbe. Mais plus qu’un campus, ce quartier du centre de Paris allie lieux de vie, commerces, monuments nationaux et immeubles d’habitation. Les chercheurs de l’IPGG et les startuppers de l’ESPCI y trouveront, pour leur part, un cadre idéal pour développer de nouvelles technologies et maintenir la ville à son plus haut niveau en matière d’éducation et de recherche.

Les Echos 23/03/2016