Face à leur avenir incertain, les jeunes restent confiants

Plus de deux tiers des 18-25 ans se sentent intégrés dans la société française, selon un sondage que La Croix dévoile avec la fondation Auchan à l’occasion de ses 20 ans. Leur perception de la mondialisation et de l’entreprise reste plutôt positive, même s’ils jugent leur avenir incertain sur le long terme.

Alors que des syndicats lycéens et étudiants appellent de nouveau les jeunes à descendre dans la rue le 30 mars pour manifester contre la réforme du code du travail prévue dans le projet de loi El Khomri (lire ci-dessous), il n’est pas inintéressant de connaître leurs espoirs et leurs craintes.

Si l’on parle parfois d’une « génération sacrifiée », eux ne se voient pas comme tels, à en croire une enquête réalisée pour la Fondation Auchan et La Croix (1).

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Un sentiment d’intégration

Premier constat, 73 % des jeunes interrogés se disent intégrés à la société française de manière générale. Ce sentiment d’inclusion reste élevé, quel que soit le secteur dans lequel ils aspirent à se trouver une place : en famille (87 %), entre amis (81 %), sur les réseaux sociaux (74 %), à l’école ou à l’université (74 %) et même… dans le monde du travail (61 %), malgré un score moins fort.

« Ils ne s’assimilent pas à la « génération sacrifiée que l’on a vu apparaître en Espagne ou en Grèce, avec des taux de chômage qui touchent plus d’un jeune sur deux », analyse Olivier Galland, sociologue spécialiste des jeunes.

Selon ce chercheur, leur opinion colle bien à la réalité. « Ils savent bien qu’ils vont passer par des transitions instables, avec des stages et des contrats temporaires mais, au final, l’immense majorité d’entre eux (8 sur 10 environ) finiront par décrocher le fameux CDI », explique-t-il.

Une bonne confiance dans les patrons et les syndicats

Loin d’être désespérés du monde de l’entreprise, ils conservent un bon niveau de confiance envers les patrons (53 % contre 52 % en moyenne).

Leur sympathie envers les syndicats, elle, est bien plus élevée que celle de leurs aînés (50 % contre 31 % en moyenne). Il s’agit là d’une évolution amorcée il y a une dizaine d’années, note Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion chez Harris Interactive. « Les syndicats se sont mis à emporter davantage d’adhésions en se positionnant sur d’autres causes ou d’autres secteurs d’entreprises, à l’image des récents mouvements sociaux chez Mc Do ou Pizza Hut », explique le sondeur.

Un avenir pas si noir

Globalement, les 18-25 ans sont plutôt optimistes sur leur avenir, même si cette confiance s’élime sur le long terme. En effet, 62 % restent sereins pour l’année à venir, contre 56 % pour les 10 prochaines années, et 50 % sur 20 ans.

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« Malgré les perspectives, l’empreinte du chômage est là, avec de fortes disparités entre la jeunesse diplômée, intégrée, et les autres », explique Jean-Daniel Lévy. Ceux qui ont un niveau inférieur au bac sont 49 % à se projeter sur 10 ans, contre 60 % s’agissant des bac + 2.

La mondialisation n’est pas perçue comme hostile, même si elle a des répercussions sur l’emploi dans les anciens pays industrialisés. 45 % des jeunes trouvent même que la globalisation de notre économie est une « bonne chose » pour trouver un emploi, pour 22 % qui n’y voient « ni une bonne ni une mauvaise chose ».

Ils y voient aussi une opportunité de voyager (73 %) ou de faire de nouvelles rencontres (67 %). « Beaucoup savent que leur carrière ne se fera plus nécessairement en France mais au-delà des frontières, peut-être après un cursus à l’étranger », commente Olivier Galland.

Un monde professionnel perçu comme rude

Néanmoins, les jeunes ne voient pas la vie qu’en rose. En effet, 83 % ont intégré qu’il est plus difficile qu’il y a vingt ans de trouver un emploi.

Les jeunes s’attendent notamment à un monde professionnel de plus en plus concurrentiel. Ils ne sont que 34 % à penser que la solidarité est à l’œuvre sur le lieu de travail. Cette tendance ne va pas s’améliorer : un jeune sur deux s’attend à ce que les valeurs d’entraide perdent du terrain dans la vie active.

 

La Croix 29/03/2016