Synthèse de la presse quotidienne
6 juillet 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- « Bruxelles va finalement laisser les parlements nationaux ratifier le Ceta », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « 16 Etats fédéraux contre Schäuble », titre la Süddeutsche Zeitung qui évoque les tensions entre les Länder et le ministre fédéral des finances à la veille d’un sommet dédié au financement de la crise des réfugiés. Die Welt et la tageszeitung consacrent leur Une à la décision du leader du parti AfD dans le Bade-Wurtemberg de faire sécession après un vote n’ayant pas permis de réunir une majorité suffisante pour exclure du groupe parlementaire l’un de ses représentants pour des prises de position antisémites. « Perquisition dans l’industrie automobile », titre le quotidien économique Handelsblatt qui fait état de soupçons d’entente chez les constructeurs allemands sur les prix d’achat de l’acier.
- Allemagne
« Le chef de l’AfD quitte son groupe parlementaire à cause de l’antisémitisme » (Die Welt)
Faute d’avoir réussi à réunir une majorité des deux tiers pour exclure du groupe parlementaire l’élu Wolfgang Gedeon en raison de prises de position antisémites, le leader de l’AfD en Bade-Wurtemberg, Jörg Meuthen, a décidé avec 12 autres parlementaires (sur un total de 23) de faire sécession, rapporte la presse.
D’un avis largement partagé, les journaux soulignent la récurrence des tensions et conflits dans les rangs du parti populiste et son incapacité à contenir les dérives extrémistes. L’enjeu n’est pas local, mais national, jugent les journaux à l’unisson. « Il se pourrait bien que cet épisode marque la fin de l’ascension de l’AfD », marque le quotidien alternatif de gauche tageszeitung pour qui l’affaire Gedeon n’est pas une étape dans le processus de mue du parti pour en faire une formation conservatrice classique, mais la révélation du véritable esprit qui l’anime et d’un nouveau glissement vers l’extrême droite. « Jörg Meuthen s’est efforcé de créer à Stuttgart un précédent, mais l’on peut douter qu’il parvienne à dompter les forces radicales qui sous-tendent le parti dans l’est de l’Allemagne », doute également la FAZ.
- Europe
« Les Etats membres de l’UE auront finalement leur mot à dire sur le Ceta » (Handelsblatt)
La commission européenne a « reculé devant les protestations de l’opinion publique » et les chances d’adoption de l’accord de libre-échange UE-Canada ont « nettement diminué » (FAZ) si le Ceta doit être désormais ratifié par l’ensemble des chambres parlementaires des Etats membres, constatent la plupart des titres. Dans la FAZ, la commissaire au commerce, Cecilia Malmström signe une tribune conjointe avec la ministre canadienne du commerce international défendant le traité. Ses déclarations selon lesquelles le Ceta sera qualifié d’« accord mixte » en raison de la « situation politique », alors même que sur le plan juridique il « relève uniquement de la compétence de l’UE », ont été saluées par le ministre de l’Economie et chef du SPD, Sigmar Gabriel, rapporte le Handelsblatt. Le président du groupe CDU/CSU au Bundestag, Volker Kauder, s’est déclaré certain que les députés allemands autoriseront le gouvernement fédéral à signer cet accord, indique la FAZ.
Les éditorialistes sont partagés sur le revirement de la commission européenne. La Frankfurter Allgemeine Zeitung salue cette décision, estimant d’une part qu’il ne s’agit pas que d’un accord commercial, et d’autre part que dans le contexte européen actuel, « l’obstination et l’arrogance de Bruxelles a déjà fait beaucoup de dégâts ». Pour la Süddeutsche Zeitung, « il ne s’agissait plus de commerce mais d’une lutte de pouvoir sur la question de savoir qui, des Etats membres ou de la commission, aurait la haute main en matière de politique commerciale ». Les Etats membres ont obtenu gain de cause et devraient désormais avoir davantage voix au chapitre sur les accords de libre-échange pour répondre à l’exigence de leurs opinions publiques, mais en retour, elles doivent se positionner clairement sur ce sujet, considère la Süddeutsche Zeitung. Le Tagesspiegel critique vivement le désaveu du droit européen par les instances européennes elles-mêmes (« le scandale n’est pas que le Ceta soit déclaré accord mixte mais que la pression politique puisse passer outre le droit européen ») et s’insurge contre les atteintes au principe de subsidiarité, faisant la comparaison avec les différents niveaux institutionnels allemands. « Où irions-nous si les parlements régionaux voulaient subitement avoir voix au chapitre sur les mandats de la Bundeswehr ? De surcroît en arguant non pas de leur compétence, mais du fait qu’elles jugent non-démocratique que seuls les députés du Bundestag se prononcent ? ». Poursuivant son raisonnement, le Tagesspiegel estime que l’UE risquerait d’être durablement paralysée si des dizaines de parlements, dont les intérêts divergent de l’intérêt national, étaient appelés à ratifier des accords internationaux : « ceux qui jubilent aujourd’hui pour le Ceta pleureront demain quand les accords sur le climat subiront le même sort ».
« L’aide au développement utilisée à des fins militaires ? » (FAZ)
Les correspondants à Bruxelles de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de la Süddeutsche Zeitung rendent compte de la proposition de la commission européenne d’utiliser l’« Instrument de stabilité » pour financer de manière exceptionnelle des formations et projets d’infrastructure militaires dans des pays tiers. Or, écrit notamment la Süddeutsche Zeitung, les règles européennes ne permettent pas de soutenir les armées de pays partenaires avec le budget communautaire. La commission veut donc modifier en conséquence les règles de l’« instrument de stabilité » fixées en 2014, ce qui provoque de considérables résistances au sein même du service juridique de la commission, lequel a émis des réserves, et chez les Verts au parlement européen, dont le spécialiste de politique étrangère et de sécurité, l’eurodéputé Reinhard Bütikofer, juge le « montage juridique » de la proposition de la commission « tiré par les cheveux », rapporte encore la Süddeutsche Zeitung.
- France
« Appels à la création d’une agence nationale de lutte contre le terrorisme » (FAZ)
Sous ce titre, la FAZ rend compte des conclusions et préconisations de la commission d’enquête relative aux moyens mis en oeuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 et relève qu’elle a relevé des « manques structurels dans le système actuel du renseignement » et encourage la création d’une agence nationale de lutte antiterroriste./.