Emissions de CO2 : Bruxelles met la pression sur les pays les plus riches

La Commission européenne a présenté, mercredi, sa stratégie à l’horizon 2030. Elle propose de répartir le fardeau des réductions d’émissions en fonction du degré de développement des pays.

Ce sera aux plus riches d’en faire plus. La Commission européenne a dévoilé, mercredi, son plan visant à atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Alors que l’Union européenne s’est engagée, lors de la COP21, à Paris, à les réduire de 40 % par rapport aux niveaux de 1990, il lui faut désormais rentrer dans les détails de la méthode et du partage de l’effort. Il a déjà été établi que les secteurs de l’industrie et de l’énergie devraient réduire de 43 % leurs émissions.

Les annonces de mercredi concernent les autres secteurs (construction, agriculture, gestion des déchets, transport). Ceux-ci doivent, collectivement, afficher une réduction de 30 % par rapport à 2005. Dans une présentation très attendue, le commissaire en charge du Climat et de l’Energie, Miguel Arias Canete, a donc proposé que les pays les plus avancés économiquement aient la tâche la plus lourde. Conformément aux consignes des Etats membres, aucun Etat ne devait pour autant se voir contraint à une réduction supérieure à 40 %.

Au final, si les propositions étaient approuvées par les Etats membres et par le Parlement européen, le Luxembourg devrait donc atteindre 40 % de baisse, l’Allemagne 38 %, la France 37 %, soit autant que le Royaume-Uni – inclus dans les calculs puisqu’il reste toujours membre de l’Union. A l’inverse, la Bulgarie peut se contenter d’émissions constantes, tandis que la Roumanie ne doit diminuer ses émissions que de 2 %, ou la Hongrie de 7 % – autant que la Pologne ou la Croatie. Des chiffres qui pourront être appliqués avec quelques flexibilités, notamment pour ce qui concerne la répartition de l’effort dans le temps, ou encore via la possibilité d’acheter ou de vendre des allocations d’émissions entre Etats membres.

Autre axe présenté par la Commission : une stratégie pour l’utilisation de la terre et des forêts. Dans la droite ligne de ce qui avait été décidé à Kyoto, Bruxelles propose de graver dans le marbre, pour la période allant de 2021 à 2030, un principe selon lequel ces secteurs devront être neutres au plan du carbone. Une opération de déboisement devra donc être « compensée », par exemple en plantant une nouvelle forêt.

Des normes pour les camions

Enfin, Bruxelles a profité de cette occasion pour formaliser sa stratégie CO2 pour le secteur du transport (l’aviation et le fret maritime sont toutefois exclus de ce projet, puisqu’ils sont gérés au niveau mondial). Principal signal, au lendemain d’une amende record infligée au cartel des camions : la volonté d’enfin imposer à ce secteur des normes pour les émissions de CO2. Si les normes Euro pour les camions encadrent déjà les émissions de polluants, rien n’existe, à ce stade, pour les gaz à effet de serre.« Il y a un travail en cours sur ce sujet, sachant qu’il n’est pas simple de calculer le CO2 sur les camions, compte tenu des multiples possibilités d’agencement entre moteurs, cabines, et configurations de la remorque », explique une source à la commission. Outre la création de normes d’émissions, l’idée serait de permettre aux Etats membres d’inclure le paramètre CO2 dans le calcul des prélèvements qu’ils imposent aux camions, que ce soit sous la forme de péages ou de vignettes.

Les Echos 21/07/2016