Une étude du Trésor évalue l’impact du dispositif sur l’année 2016.
Les conséquences positives s’annuleraient néanmoins à un horizon de 5 ans.
Depuis le début de l’année, pour pouvoir tenir sa promesse d’inverser la courbe du chômage, l’exécutif multiplie les annonces de soutien à l’emploi (lire ci-dessous). La prime à l’embauche pour les PME, lancée à la mi-janvier 2016, est l’un des principaux dispositifs. Selon une étude du Trésor publiée lundi, elle devrait avoir un effet sensible sur le marché du travail. D’ores et déjà, mi-août, 583.000 aides avaient été demandées depuis janvier, dont 65 % en CDI, selon le ministère du Travail. En tout, selon le Trésor, cet outil devrait permettre de créer 60.000emplois nets en 2016. En juin, les économistes de l’Insee anticipaient 40.000 créations d’emplois.
Avec une limite importante à ces deux calculs. Ils ont été faits avant l’annonce, fin juin, de la prolongation d’un an du dispositif. Avec la prolongation à la fin 2017 de la prime à l’embauche dans les PME, les créations d’emplois continueront l’an prochain, et l’effet total sera donc supérieur à 60.000 créations, indique-t-on au Trésor. Le coût sera aussi mécaniquement plus élevé pour les finances publiques. Pour mémoire, la prime à l’embauche concerne tous les CDI et CDD de plus de six mois, dont le salaire est compris entre 1 fois et 1,3 fois le SMIC, embauchés par les PME de moins de 250 salariés. L’employeur touchera alors 2.000 euros par an pendant deux ans. Ce qui correspond à environ 11,4 % du salaire brut pour un salarié payé au SMIC au cours des deux premières années suivant son embauche.
Pour expliquer l’effet de cette mesure, les économistes du Trésor rappellent d’abord qu’une prime à l’embauche est susceptible d’avoir un effet sur l’emploi d’autant plus fort qu’elle est ciblée sur les bas salaires, pour lesquels le chômage est le plus élevé. Le niveau de l’emploi est en effet très lié au coût du travail pour les rémunérations proches du SMIC. Ensuite, comme une telle mesure ne concerne que les embauches et pas tous les salariés, son impact est quasi immédiat sur le niveau de l’emploi.
Effet d’aubaine
La prime à l’embauche dans les PME aura certes un effet d’aubaine pour certains employeurs puisque des entreprises bénéficieront de la prime, alors qu’elles n’en auraient pas eu besoin pour embaucher. Mais d’autres entreprises se décideront à embaucher à la suite de la mise en place de la prime. Environ 110.000 embauches devraient être décidées grâce à la mise en oeuvre de ce dispositif. Mais comme 35 % des CDI signés sont rompus la première année et que 73 % des CDD de plus de six mois ont une durée de moins d’un an – selon le ministère du Travail -, la création nette d’emplois devrait finalement s’élever à 60.000.
Avec un inconvénient de taille sur le plan économique qui explique bien la motivation politique de cette décision : les conséquences de cette mesure se feront uniquement sentir à court terme. La prime à l’embauche peut être considérée comme étant un outil conjoncturel dont l’objectif est de faire redémarrer l’emploi le plus vite possible dans une phase de reprise de l’activité. En ce sens, elle est complémentaire du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Certes, lorsqu’un chômeur de longue durée reprend un emploi, cela permet d’éviter une dégradation des compétences des personnes, ce qui est positif pour la croissance à terme. Mais la dernière phrase de l’étude est instructive : « A terme, la prime à l’embauche étant temporaire, l’impact sur le niveau d’emploi s’annulerait à horizon cinq ans. »
Guillaume de Calignon, Les Echos
Les Echos 23/08/2016